Informez-vous sur la perte et le deuil et sur la façon d’aider les enfants et les jeunes à y faire face.
Comprendre la perte et le deuil
La perte fait partie de la vie. Elle prend de nombreuses formes et tout le monde y réagit différemment. Il peut être difficile de vivre une perte, surtout au début. Il existe de nombreux genres de perte, dont :
- la mort d’un être cher;
- la mort d’un animal domestique;
- la fin de la vie familiale telle qu’on la connaissait, par exemple, à la suite de la séparation ou du divorce des parents;
- la fin d’une relation intime;
- la fin d’une relation avec des amis ou des membres de la famille, peut-être à cause d’un déménagement;
- la perte de sa santé et de sa capacité à faire les choses comme d’habitude.
Toute perte importante exige de nous que nous nous adaptions et imaginions un nouvel avenir. Même lorsque le changement est positif, comme déménager pour aller à l’université, il peut être difficile à prime abord de quitter ce qui nous était familier et de recommencer à zéro.
Le deuil est à la fois un sentiment et un processus que les gens connaissent généralement après un décès ou une autre perte importante. C’est une réaction naturelle et saine à la perte et peut comprendre :
- des émotions intenses comme le choc, la colère, le ressentiment, la tristesse, la culpabilité, le soulagement, le désespoir;
- le fait de penser beaucoup à la personne qui est disparue de votre vie, de penser à votre relation avec elle et de vous inquiéter de ce que sera la vie sans elle;
- des réactions physiques telles que des maux d’estomac, des tensions musculaires, des pleurs, des changements dans les habitudes de sommeil ou d’alimentation, l’épuisement ou la difficulté à se concentrer;
- la recherche d’un sens qui pourrait comprendre le recours à la religion pour trouver de la force, la remise en question de ses croyances traditionnelles ou la recherche de nouvelles façons de voir la vie et la mort.
Tout le monde, partout, doit faire face à une perte et au deuil, mais les approches varient selon les cultures et les religions, et l’expérience individuelle du deuil variera dans chaque circonstance.
Le deuil est généralement plus intense au début. Cependant, il arrive parfois que le choc de la perte soit si grand qu’il faut beaucoup de temps avant d’en prendre conscience, ce qui retarde l’expérience du deuil. Quoiqu’il en soit, le processus de deuil est long. Il nous permet de vivre notre perte pendant que nous apprenons à vivre sans l’être cher. Le deuil peut être une expérience douloureuse qui se vit parfois isolément. Souvent, même les amis ne savent pas trop quoi faire pour aider ou réconforter.
Les rituels formels, comme les funérailles, l’exposition et les services commémoratifs permettent aux personnes endeuillées de se regrouper pour partager leurs souvenirs et leurs larmes, et se soutenir mutuellement. Ces rituels représentent une occasion importante de se concentrer sur la perte récente d’une vie et sont un rappel que nous ne sommes pas seuls, qu’il y a d’autres personnes autour de nous, et que la vie continue.
Pourtant, même si ces rituels permettent d’exprimer sa douleur, le processus du deuil ne fait que commencer. Il continue pendant un certain temps, même après que les activités de tous les jours ont recommencé. Il faut habituellement des jours, des semaines, voire des mois, pour se sentir mieux.
Perdre un proche qui s’est suicidé
Apprendre qu’un ami ou un être cher s’est suicidé est souvent très traumatisant. Cela ajoute un autre niveau de douleur et d’interrogation à l’expérience de la perte, ce qui peut compliquer le processus de deuil. En fait, le choc est parfois tellement grand, et l’acceptation tellement difficile, qu’on réagit par le déni.
Le suicide d’un ami ou d’un être cher peut provoquer des sentiments de culpabilité, de colère, de blâme et de honte chez les survivants. Ainsi :
- Une personne peut se sentir coupable, pensant avoir manqué certains signes ou croyant qu’elle aurait pu en faire plus. Cependant, il est inutile pour les survivants de se blâmer ou de blâmer d’autres personnes. Les motifs de suicide sont complexes et il se peut qu’il n’y ait eu aucune indication.
- La colère est aussi une réaction courante. Il n’est pas rare de considérer que des amis et des membres de la famille sont la cause du suicide. Ou encore, des jeunes peuvent être en colère contre eux-mêmes, voire contre la personne qui est morte. L’envie de blâmer quelqu’un, de tenir quelqu’un responsable, est très forte.
- Les sentiments de honte sont aussi possibles à cause de la stigmatisation du suicide. Il peut donc être difficile pour les jeunes de parler de leurs sentiments avec d’autres. D’autres peuvent éviter le sujet, ne sachant pas trop quoi dire.
Il est normal de vivre une série d’émotions contradictoires lorsqu’un proche met fin à ses jours. Cependant, les parents et les amis voudront aider. Il est important que les survivants fassent savoir aux autres ce dont ils ont besoin.
Gérer les sentiments de perte et de deuil
Il n’y a pas de bonne ni de mauvaise façon de vivre son deuil, mais certaines façons peuvent être plus utiles que d’autres. Par exemple, la consommation d’alcool ou de drogues peut masquer la douleur pendant un certain temps, mais elle retarde le processus de guérison et peut causer des dommages directs. De même, c’est une chose de se sentir en colère, mais c’en est une autre de s’en prendre aux autres ou à soi-même. Il y a des moyens positifs d’exprimer sa douleur et sa colère pour ensuite se sentir bien.
Voici quelques idées constructives à proposer aux jeunes qui vivent une perte importante :
- Accepte tes sentiments. C’est correct de ressentir ce que tu ressens, d’être mêlé ou en colère ou triste. C’est correct de rire et de pleurer. Parfois, tu peux même te sentir soulagé qu’une vie difficile ou douloureuse soit terminée. Tes sentiments vont peut-être changer avec le temps. Les sentiments pénibles vont s’atténuer.
- Exprime des sentiments. Il peut y avoir des sentiments et des souvenirs positifs et négatifs. Trouve un moyen de les exprimer. Essaie de les isoler et de les comprendre. Un journal, la création littéraire, le dessin ou le chant peuvent t’aider à libérer tes sentiments.
- Parle de tes sentiments. Ne traverse pas cette période seul. Parle à quelqu’un en qui tu as confiance. Fais-lui savoir comment tu te sens. Va chercher de l’aide auprès d’autres personnes qui vivent la même perte. Parler de ta douleur lors de cérémonies comme des funérailles peut t’aider à comprendre ta perte et à aller de l’avant.
- Trouve de l’humour dans la vie. Ris comme tu le ferais normalement. Trouver de l’humour et être capable de rire peut t’aider à traverser les moments difficiles. Le rire peut atténuer la douleur et contribuer à la guérison. C’est bon pour le corps et pour l’esprit.
- Trouve un sens à ce qui s’est passé. Par exemple, qu’est-ce que tu peux apprendre de cette expérience? Peux-tu trouver quelque chose de positif dans cette situation difficile? Qu’est-ce que la personne décédée représentait pour toi? Cette expérience t’a-t-elle appris quelque chose sur toi? T’a-t-elle permis de mieux te connaître? T’a-t-elle permis de donner un nouveau sens à la vie? Est-ce que tu as appris quelque chose de neuf sur les autres?
- Prends soin de toi. Il est stressant d’accepter une perte. Bien dormir et bien manger peut t’aider à mieux te sentir. Essaie d’adopter des habitudes de sommeil régulières. Le yoga ou la respiration profonde peut t’aider à te détendre. Manger sainement et à des heures régulières peut être salutaire aussi. N’oublie surtout pas de te faire du bien et de faire des choses que tu aimes.
- Va de l’avant. Peu à peu, tu pourras davantage te sentir toi-même, vivre dans le présent, faire des projets et moins te concentrer sur ta perte. Le fait de ne plus avoir mal ne signifie pas que tu as oublié ton être cher. Mais tu pourras t’en souvenir d’une manière qui te permettra d’avancer dans la vie.
Quand demander de l’aide
Parfois, la douleur est si intense et envahissante, ou elle dure si longtemps, qu’une aide supplémentaire peut être nécessaire pour la traverser. Les signes qui montrent qu’il est temps de demander de l’aide comprennent ce qui suit :
- ne pas se sentir mieux après plusieurs mois de deuil
- être incapable d’accomplir les activités quotidiennes
- avoir de la difficulté, ne plus s’intéresser, à l’école
- se sentir déprimé
- avoir de la difficulté à se concentrer
- changements dans ses habitudes de sommeil ou son régime alimentaire
- ne plus s’intéresser aux activités sociales habituelles
- détérioration des relations avec les membres de la famille ou les amis
- consommation d’alcool ou d’autres drogues, automutilation, prise d’autres risques
- faire le « dur » tout en niant la douleur à l’intérieur
- idées suicidaires.
Il y a de l’aide. Des thérapeutes se spécialisent en counseling pour les personnes en deuil. Il existe aussi des groupes d’entraide. La possibilité de parler à d’autres personnes qui vivent des expériences semblables peut être un apport important au processus de guérison.
Trouver de l’aide
Trouver les services près de chez soi en consultant le répertoire Options de soins de santé à proximité.
Jeunesse, J’écoute
1 800 668-6868
jeunessejecoute.ca
Counseling gratuit, anonyme et confidentiel offert au téléphone et en ligne aux jeunes âgés de 20 ans et moins. Accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Plus de renseignements sur la perte et le deuil
Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO)
http://www.cheo.on.ca/fr/chagrinetledeuil
Une liste exhaustive de livres et de sites Web pour les jeunes et leurs parents.
Jeunesse, J’écoute
http://jeunessejecoute.ca/Teens/InfoBooth/Emotional-Health/Grief.aspx?lang=fr-ca
Renseignements, liens et conseils utiles destinés aux jeunes sur quoi faire pour s’aider soi-même ou aider un ami.
Hospicenet
https://www.hospicenet.org/html/teenager.html
Pour aider les parents et autres adultes à aider les adolescents à s’adapter à la mort d’un être cher.
Teen Mental Health
http://teenmentalhealth.org/toolbox/lost-someone-suicide/
Document à télécharger : Have you lost someone to suicide? Rédigé pour aider les familles et les amis après le suicide d’un jeune. (Les ressources sont destinées aux résidents de la région de Halifax, mais de nouvelles versions pourraient être disponibles pour d’autres collectivités du Canada.)